J’ai confiance dans le corps enseignant

Père de trois enfants (7ème, 4ème et Jardin d’enfants). Il a fréquenté l’école Rudolf Steiner de 1985 à 1997 (1ère-12ème classe). Apprentissage après l’école : cuisinier. Aujourd’hui, il travaille à temps partiel comme cuisinier dans un restaurant.

« Pourquoi vos enfants sont-ils inscrits à l’école Steiner ? »

Ma femme et moi n’avions pas vraiment cette décision à prendre car pour nous c’était clair dès le départ : nos enfants iraient à l’école Steiner. Toutefois, pour que cela soit possible, il a fallu que nous changions de lieu de résidence.

« Pourquoi n’aviez-vous pas besoin de peser le pour et le contre et de réfléchir avant de vous décider ? »

Une raison essentielle tient à mes propres expériences à l’école Rudolf Steiner. Un exemple : mes expériences à l’école professionnelle m’ont montré les différences essentielles entre les deux méthodes d’enseignement. Ici, à l’école professionnelle, on a essayé de nous montrer à l’aide de plans, de croquis etc… la valeur et l’importance des compétences sociales. Et soudain j’ai découvert qu’à l’école Rudolf Steiner on nous avait à peine parlé sur ce thème. Mais le cours était construit de telle façon que pour nous les enfants ou les jeunes, les compétences sociales ne passaient pas par les mots ou la documentation écrite mais qu’elles pouvaient se former et croître par notre activité menée en commun.

« Pouvez-vous préciser ceci plus concrètement ? »

A côté du fait que les disciplines artisanales, artistiques et intellectuelles sont enseignées à valeur égale—tête-cœur-mains—les nombreux camps, les stages, les projets, le théâtre, tout cela contribue essentiellement à former une communauté de classe vivante, forte et  qui fonctionne, communauté dans laquelle chaque individu apprend à être attentif aux autres et à les respecter. Une telle communauté conduit à une sorte de « syndrome de l’école Steiner ».

« Qu’entendez-vous sous ce concept ? »

Quand plus tard dans la vie, par ex. trois anciens élèves de différentes écoles Steiner se rencontrent, ils ressentent soudain, d’abord inconsciemment, comme une affinité profonde, un lien. Ils s’aperçoivent alors qu’ils ont été en quelque sorte « à la même école ». Ils sont même plutôt fiers de pouvoir dire. « Je peux danser mon nom ! »

« Avez-vous encore d’autres raisons de vouloir l’école Rudolf Steiner pour vos enfants ? »

Je veux qu’ils puissent faire l’expérience des valeurs fondamentales de cette école. A la maison, chez mes parents, le terrain pour recevoir ces valeurs était déjà préparé. De la même façon, nous voulons, ma femme et moi, préparer le terrain pour nos enfants. Plus tard, nos enfants doivent pouvoir dire comme moi aujourd’hui : « Ah ah, tu considères ce qui arrive, mais pense encore davantage au comment ça arrive !»

« Qu’attendez-vous de l’école ? »

Je m’efforce de n’avoir pas trop d’attentes. Par rapport au contenu, j’ai de toutes façons confiance.

En tant que père, j’ai évidemment des attentes concernant le fonctionnement de l’organisation et de l’administration. De même, je souhaite des enseignants qui soient engagés et très conscients par rapport aux temps présents. Je souhaite aussi que des thèmes comme  l’éducation sexuelle ou le mobbing soient traités de façon compétente, actuelle et sans être « coincé ».

« Qu’aimeriez-vous dire encore ? »

J’ai confiance dans le corps enseignant. Je n’ai pas une règle ou un appareil pour mesurer le niveau mais je porte en moi mon instrument indicateur. La discipline la plus difficile pour des élèves pubertaires c’est l’eurythmie, évidemment. Au cours des années je suis passé de la position d’adversaire à celle de défenseur de l’eurythmie ! En effet, l’eurythmie ça veut dire se trouver dans le groupe, non pas avancer de la même manière mais créer à sa place individuelle une forme ensemble et il est clair que cela exige la compétence sociale et la soutient. D’ailleurs, lors des fêtes de trimestre je dois constater qu’il y a un renouvellement dans l’enseignement de cette discipline, oui, on dirait qu’elle traverse une cure de rafraichissement.

 

Interview réalisé pour le journal des Ecoles Steiner de Suisse - octobre 2015