Un engagement envers l’être humain tout entier : sa tête-son cœur-ses mains

Lisa Roth Indermühle

Jardin d’enfants et école Rudolf Steiner jusqu’à la 10ème classe (1979-1989). BFF Bern. Puis forma- tion d’infirmière à l’hôpital Lindenhof. Diplôme obtenu et emploi dans cette profession pendant des années. Formation continue en management  puis plusieurs années à l’hôpital de l’île à Berne dans le secteur gestion des patients.

Mischa Roth

Jardin d’enfants et école Rudolf Steiner jusqu’à la 12ème classe (1977-1989). Deux  années de lycée puis obtention de la maturité C. Après un an, commence ses études de médecine. Examen final en 1999. Formation continue de spécialiste FMH en ophtalmologie. Depuis 2007, il a son propre cabinet. Le couple Roth a deux enfants qui fréquentent l’école Rudolf Steiner : Aline (2ème classe) et Noel (Jardin d’enfants).

« Pourquoi avez-vous choisi l’école Rudolf Steiner pour vos enfants ? »

Mischa Roth : Grâce aux bons souvenirs que je garde du temps de ma propre scolarité, j’avais globalement des sentiments positifs qui ont influencé fortement ma décision. Je dois dire pourtant que ce qui a joué un rôle pour choisir quelle école Rudolf Steiner nous voulions en particulier était lié aux personnes et au lieu. L’école que nous avons finalement choisie m’offre d’une certaine manière une sorte de « garantie de qualité ».

Lisa Roth Indermühle : Lorsqu’Aline a eu trois ans, j’ai commencé à regarder autour de moi pour trouver quelle serait la « bonne » école pour elle. Je savais qu’il fallait pour nos enfants un enseignement qui s’adresse à la personne dans sa totalité. Dès le départ, je ne pouvais concevoir qu’une école qui aurait pour idéal l’humain avec sa tête son cœur et ses mains. Après avoir pesé sérieusement le pour et le contre, je suis arrivée à la conviction dûment mûrie que méthode et didactique professées par la pédagogie Waldorf étaient ce qui correspond le mieux à mes attentes. Pour nos enfants, je souhaite que soit éveillés et encouragés leur intérêt pour la nature et leur relation avec elle, ceci également à travers l’enseignement qu’ils reçoivent. En plus, à côté des facultés intellectuelles, les qualités du côté des arts plastiques et rythmiques doivent être cultivées, considérées comme d’égale valeur. Mon mari et moi  voulons une méthode d’enseignement qui tienne compte de l’âge de l’enfant et de son évolution. Aujourd’hui par ex. dans les écoles d’état, les enfants de 1ère classe ont déjà à résoudre des problèmes sur l’ordinateur.

Nous considérons que l’utilisation de l’ordinateur et autres moyens électroniques n’est pas adaptée à l’âge et au développement des enfants en classes primaires. Au lieu de les faire travailler devant un écran, enseigner aux enfants le dessin de formes par ex. répond au plus près à l’être et aux besoins de l’enfant. (Le dessin de formes est enseigné comme discipline aux enfants des petites classes dans les écoles Waldorf et sert aussi de base à la géométrie qui sera enseignée plus tard).

Ce dessin de formes stimule et soutient les enfants de façon absolument individuelle et grâce à une telle méthode les dispositions positives en chaque enfant peuvent être éveillées, éduquées, de sorte qu’il est bien moins nécessaire d’investir du temps pour « traiter » ce qu’on considère comme leurs faiblesses.

En revanche, il est clair qu’à notre époque le PC a sa place dans les classes supérieures.

« Une autre question : Dans les écoles Steiner, jusqu’à la terminale, en 12ème classe, il n’y a aucune sélection. Ce qui veut dire que dans les 7-8 et 9ème classes, on ne va pas répartir les élèves entre école technique, école secondaire ou lycée. De même les classes 10, 11 et 12 sont conduites ensemble. Ne vous êtes-vous jamais senti freiné à cause des élèves un peu plus faibles intellectuellement ? »

Mischa Roth : Non, absolument pas. Je n’avais d’ailleurs pas conscience de ces différences à cette époque. Ce mélange d’élèves plus ou moins doués, je ne l’ai pas vécu comme un inconvénient et aujourd’hui je suis même convaincu que cela contribue positivement au développement des compétences sociales des enfants et des jeunes. Je trouve qu’une sélection tardive est justifiée. Cela permet d’offrir aux enfants assez de temps, d’une manière générale, pour approfondir les contenus de l’enseignement. De plus, le droit d’être un enfant comme le droit d’être un jeune est respecté.

Lisa Roth Indermühle : Cette sorte d’école globale exige des enseignants une capacité de différenciation sur le plan méthodique-didactique et c’est ainsi qu’il y a aujourd’hui une façon différenciée de donner des notes en IMS (Integrative Mittelschule). Et là encore cela a une conséquence positive , à savoir que le cours  ne reste pas « bloqué par les notes », ce qui offre une certaine garantie de ne pas tuer trop tôt la force d’enthousiasme des enfants et des jeunes pour ce qu’on leur transmet.

Mischa Roth : Chaque enfant et tous les jeunes portent avec eux une sorte de « sac à dos d’expériences » et j’espère et souhaite que l’école va remplir ce sac autant que possible avec beaucoup d’expériences de vie très précieuses ! Pour de telles expériences, une bonne, même une excellente condition préalable, ce sont les divers projets et les stages par ex. Ce que pratique et conduit l’école Rudolf Steiner. Et avec le recul, je trouve précisément très important que les jeunes n’aient  pas connu de sélection pendant ces stages. Travailler en tant qu’élève de 9ème classe tout seul pendant trois semaines dans une ferme du canton de Berne tandis que la 11ème classe doit aider et empoigner les problèmes dans une institution pour personnes handicapées—ceci même  lorsque des obstacles voire des antipathies doivent être surmontés ou encore, comme élève de 12ème classe se retrouver dans une entreprise de construction d’ascenseurs aux côtés d’un spécialiste et devoir l’aider pour les travaux de service et de réparation : voilà comment se forment expériences de vie et compétences sociales que j’ai pu, moi, emporter dans mon sac à dos et c’est ce à quoi je ne voudrais en aucun cas avoir dû renoncer ! De temps à autre, dans mon cabinet de consultation, j’y repense et me demande si ces expériences vécues  avec les gens pendant mes stages ne m’aident pas encore aujourd’hui quand il s’agit d’édifier très très vite une relation avec mes patients. Eh bien, je crois bien que oui !

« Qu’attendez-vous de l’école aujourd’hui ? Qu’espérez-vous ? »

Que l’école parvienne à faire passer dans la réalité ce qui lui est essentiel tout en tenant compte de l’époque où nous vivons. Que le plan scolaire voie fleurir de nouveaux « bourgeons » qui restent reliés aux « racines » de l’origine. Que la capacité d’enthousiasme et la joie d’apprendre des enfants et des jeunes puissent  être maintenues !