Intégrer la vie professionnelle ne m’a posé aucun problème

Sorti de l’école publique et entré à l’école Rudolf Steiner en 3ème classe. Il quitte l’école après la 12ème année, en été 2014. Aujourd’hui il est en 1ère année d’apprentissage pour devenir charpentier.

« Etre un enfant », cela vous a-t-il été permis alors que vous étiez à l’école Rudolf Steiner ? Et ce concept, que veut-il dire pour vous ?

Oui, il m’a été possible de me découvrir, de vivre à fond mon énergie  en tant qu’enfant, de me développer dans des jeux tout à fait libres, de toucher mes limites—pas seulement à cause de la discipline—mais de les tester, de les ressentir. Et pourtant, quand un danger ou une menace se présentait de transgresser l’une ou l’autre limite, il y avait toujours quelqu’un pour me rattraper. Dehors, dans la nature, je pouvais assouvir mon goût de l’aventure et dépenser mes forces physiques.

 « On entend dire souvent que le plus impressionnant ce sont le théâtre, les différents camps et les projets. Est-ce que c’est valable pour vous ? »

Cette remarque est absolument juste en ce qui me concerne. Pour tous les projets et les stages, il nous fallait tous, moi personnellement, les enseignants responsables, tous les enfants et plus tard nous les jeunes, bref, tous sans exception, nous devions nous préparer de manière ciblée puis vivre et travailler ensemble pour atteindre un but bien précis. Or, lorsqu’on atteint un but qu’on s’est soi-même fixé cela mène à une conduite de vie saine et gratifiante. Pour moi, les stages et projets menés pendant les années de la 9ème à la 12ème classe ont été, entre autres, d’une grande aide pour trouver mon orientation personnelle sur le plan professionnel.

« Quelles qualités typiquement liées aux écoles Steiner sont pour vous aussi importantes ? Qu’est-ce qui, selon vous, est vraiment typique des écoles Rudolf Steiner ? »

Ce qui me paraît vraiment typique c’est le fait qu’une école Rudolf Steiner, est et reste une école globale(Gesamtschule) jusqu’à la 18ème année, à savoir que pendant toute la durée de la scolarité obligatoire, il n’y a pas de différenciation entre primaire, secondaire, collège technique, lycée et que les classes supérieures ne sont pas déjà des classes d’orientation professionnelle. Par ailleurs, j’ai eu l’impression que de la part des enseignants l’accent était mis très fortement sur les compétences sociales.

« Avez-vous connu à l’école Rudolf Steiner des années de jeunesse intéressantes voire heureuses ? »(années scolaires 10-12)

Des années gratifiantes, c’est sûr et certain. Heureuses : vers la fin, toujours plus ! J’ai pu participer à un projet de trois semaines en Georgie sur le thème « Kajak » pour mon travail de fin d’études. J’ai eu l’occasion d’être actif en tant qu’enseignant de kajak ; mon autonomie a été mise à l’épreuve, j’ai appris à me connaître moi-même et à assumer une grande responsabilité. Tout cela n’a été possible que parce que j’avais déjà développé suffisamment le sens de l’initiative et que les enseignants m’ont soutenu dans ce projet.

« Avec le recul qu’est-ce que vous critiquez à l’école ? »

Durant les années scolaires 6-9, l’eurythmie c’est complètement à côté de la plaque ! Et à l’âge de 13-14 ans, pour moi, coudre, tricoter et broder , j’ai ressenti cela comme n’étant pas de mon âge.

« Est-ce que l’entrée tardive en apprentissage vous a causé des soucis ? »

Pour moi au contraire commencer plus tard un apprentissage cela m’a facilité les choses car j’avais déjà appris à m’en sortir dans des situations difficiles ou délicates. Mes collègues d’école et de formation, en partie très jeunes, sont passablement en retard, de ce point de vue.

« Vous êtes –vous senti assez préparé pour cette entrée dans le monde professionnel ? »

J’ai été très bien préparé pour l’école professionnelle (pendant les 11 et 12èmes classes) et j’ai pu m’intégrer sans problème.

« Une remarque, pour finir ? »

Justement ce sont ces deux dernières années que j’ai le plus appréciées.

 

Interview réalisé pour le journal des Ecoles Steiner de Suisse - octobre 2015